30/07/2013

Introduction aux études sur le genre - Chapitre 2 - Genre, sexualité et vie conjugale

Après un chapitre 1 assez dense et riche en thématiques différentes, nous attaquons le chapitre 2, intitulé Genre, sexualité et vie conjugale.

Celui-ci aborde la question de la distinction entre genre et sexualité, et comment celle-ci a émergé ; il montre tout d'abord qu'il s'agit d'un produit de l'histoire : chez les anciens grecs et chez les romains, en effet, les rôles actifs et passifs dépendent ainsi de la hiérarchie sociale plutôt que de l'expression d'une "sexualité" propre à chacun.

Le livre embraye sur l'émergence moderne de la "sexualité" (entre guillemets dans le texte), qui est due en grande partie, il faut le dire, à la psychanalyse et à l'importance que celle-ci lui a donnée dans ses théories sur le psychisme. D'après l'ouvrage, la conception moderne de la sexualité serait fondée sur la notion de "choix d'objet (inconscient)", assez critiquable en termes de termes de terminologie, comme je l'ai déjà laissé sous-entendre précédemment, lors de mes précédentes critiques. A vrai dire, je pense que c'est typiquement français de penser les choses ainsi, peut-être à cause de l'influence de la psychanalyse encore une fois ; dans le reste du monde occidental, on parle évidemment de sexualité et on lui donne le même sens, mais je ne pense pas que la notion de "choix d'objet" soit utilisée ou même connue.

Mais cette partie souligne quand même qu'il s'agit d'une révolution conceptuelle et que les actes sont maintenant clairement dissociés des attirances et préférences déclarées. De plus, la sexualité, dans son acception courante, est censée ne regrouper que des pratiques volontaires et consenties.

D'après les études de genre, le revers de la médaille de la sexualité est qu'elle aurait renforcé l'idée selon laquelle chacun possède un sexe déterminé et immuable, puisque le concept-même d'orientation sexuelle repose dessus.

La prochaine partie s'attache à montrer en quoi la sexualité contemporaine est toujours empreinte de genre, malgré la contraception et la libération sexuelle des années 1960-1970. Le chapitre procède à un petit rappel historique depuis cette époque ; la partie est très riche en tableaux, notamment sur différentes pratiques sexuelles pour étayer l'argumentation, concernant les évolutions du couple hétérosexuel. Je ne m'étendrai pas trop sur cette partie-là, ni sur la suivante.

La prochaine partie envisage l'hétérosexualité comme rapport de pouvoir et de domination. A ce sujet, elle commence par citer des féministes "radicales", telles que Catherine MacKinnon ou Andrea Dworkin, ce qui est très critiquable étant donné l'aspect assez caricatural de leurs théories : elles sont en effet difficiles à prendre au sérieux ; Andrea Dworkin, en particulier, mérite pleinement l'accusation de misandre, et ce n'est pas une exagération. Elle évoque également l'idée de la sociologue italienne Paola Tabet d'un continuum des échanges économico-sexuels" qui s'étendrait de la prostitution à la vie en couple. S'en suit la notion un peu problématique, due à Adrienne Rich, d' "hétérosexualité obligatoire", qui peut garder une certaine pertinence selon le sens qu'on lui donne. Mais cette partie souligne quand même que les femmes se retrouvent plus souvent que les hommes à satisfaire les désirs de leur conjoint sans en avoir vraiment envie, ce qui est tout de même très préoccupant. De même, la question du clitoris et de l'orgasme féminin sont en fait des sujets hautement politisés, ce qui pouvait être difficile à soupçonner de prime abord.

La prochaine partie aborde la question des violences de genre et violences sexuelles, notamment le harcèlement et le viol ; c'est une partie terrible, au bilan accablant. Un encart présente ainsi des exemples d'attitudes prises par les femmes pour se protéger lorsqu'elles sortent le soir dans la rue à heure tardive.

La dernière partie évoque la question du genre dans les sexualités non-mixtes, notamment du rapprochement entre sexisme et homophobie et l'émergence des mouvements LGBT, avec les discussions, les différences d'argumentation et de perspectives des "pionniers" : entre par exemple la vision de Hirschfeld, plutôt moderne (sauf lorsqu'il envisage les homosexuels comme un troisième sexe...) et celle d'Adolf Brand, plutôt machiste et nostalgique. Ce sont des causes plutôt sociales qui sont données aux stéréotypes (semi-vérifiés) associés à l'homosexualité masculine : partenaires nombreux, promiscuité...

Les relations lesbiennes, elles, sont associées au modèle des couples butch/fem, en détaillant les raisons à cela (notamment le regard des hommes), et en présentant la notion de double-bind lors d'un encart. Les lesbiennes doivent affronter l'inverse des stéréotypes gays concernant leur sexualité de couple. La dernière sous-partie montre que les dynamiques internes restent marquées par le genre, notamment par les clivages et stéréotypes actif/passif.

Pour résumer, ce chapitre quelque peu scabreux est aussi un peu plus technique, moins conceptuel que le précédent, et ça se sent. C'est pourquoi je l'ai moins commenté, ici.




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