07/09/2013

Enfin un commentaire intelligent...

...qui émane d'un "pro-psychanalyse" (je le considère comme tel, puisqu'il se considère lui-même comme tel ; mais ce n'est pas forcément péjoratif en soi : après tout, pour faire une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut, il y a bien des chrétiens intelligents et ouverts, aussi !) sur la "lettre ouverte" du Roseau pensant que j'avais critiquée dans un précédent article. Je ne résiste pas au plaisir de vous le partager, tant il rejoint mes propres impressions - excepté sur l'utilité que j'accorde à la psychanalyse, bien entendu :

"Il n’est pas dit que tout en ayant des accointances importantes avec la psychanalyse (et j’en ai, certains ici le savent) on soit tenu d’être d’accord avec cette nouvelle "lettre ouverte" ni d’ailleurs avec celles qui précèdent.Tout d’abord le ton de cette "lettre ouverte", écrite par une personne qui conteste le droit fondamental de tout enfant à une éducation adaptée! Le ton d’une maîtresse d’école qui corrige le devoir d’un cancre. Quant on sait que le devoir du cancre est le troisième plan autisme, que la correction contient des inepties du genre: "le psychisme n’aurait-il pas des conséquences biologiques ? La question doit être posée." et que en plus elle termine en réclamant une réponse, là vraiment il y a de quoi se marrer!Ensuite le contenu: Il me semble qu’il serait temps pour la psychanalyse de prêter une oreille à ce qui est dit 1-par les autistes adultes eux-mêmes, qui sont de plus en plus nombreux à prendre la parole; 2-à la parole des parents en responsabilité d’enfants autistes et également 3-à la parole de cliniciens qui ont compris qu’il n’y a pas d’élaboration sur l’autisme qui puisse se faire sans les autistes en tant que chercheurs et pour l’instant il ne sont pas nombreux, et dans ce domaine le docteur Laurent Mottron a ouvert une voie qui reste encore très peu usitée.Si les psychanalystes restent sourds à ces témoignages, ils risquent fort de se trouver, toute proportion gardée, dans la position de ces maoïstes qui défendaient la révolution culturelle au nom d’un certain progressisme alors que des témoignages étaient disponibles concernant les millions d’assassinats politiques qui étaient en train de se commettre.Ces trois sources de témoignages, pour ce que j’en ai entendu moi, ne devraient pas inciter à continuer le forcing, mais plutôt à faire un pas de recul. Puisqu’il faut du symptôme, continuer à promouvoir le "thérapeutique" sur l’éducatif me semble en être un: celui de la surdité des psychanalystes à ces témoignages de plus en plus nombreux.L’autisme me semble ouvrir des questions épistémologiques qui dépassent largement la guéguerre psychanalyse/ tcc et s’inscrire dans cette guéguerre me semble témoigner, pour ceux qui le font de part et d’autre, qu’ils se soucient moins de l’autisme que d’asseoir les convictions qui les maintiennent dans leurs positions. Parler de "dimension thérapeutique" ( expression on ne peut plus malheureuse dans le contexte) outre que c’est largement en désaccord avec le corpus psychanalytique lui-même, me semble être dans un accord implicite avec la dialectique normal/pathologique et totalement ignorant du concept de diversité qui commence à émaner de ces témoignages. Et que l’on parle de "neurodiversité" ne change rien à l’affaire, on pourrait aussi bien dire "psychodiversité" puisqu’il y en a encore que ça titille de trouver la ligne de partage des eaux entre les deux.Quant à considérer l’inclusion avec le sarcasme qui fait écrire "il devienne un bon petit humain bien adapté socialement." (ce qui ne serait déjà pas si mal ni en désaccord avec la demande des principaux intéressés) c’est s’inscrire dans un hygiénisme médical (dimension thérapeutique) voire social des plus radical (même si c’est une caractéristique de l’hygiénisme d’être radical). L’inclusion ce n’est pas vouloir ramener l’autre à la norme en vigueur ( fût-elle psychanalytique), comme cela a été sous-entendu; c’est travailler pour que l’autre puisse trouver sa place dans la communauté des Hommes ce qui demande évidemment un effort important de la part de la communauté qui devra faire le pari qu’elle en sera bénéficiaire également. Visiblement la communauté (et singulièrement celle des psychanalystes) n’en est pas encore là."

Si seulement les psychanalystes français pouvaient écouter ce brave type et commencer à se remettre en question sérieusement, ça ne ferait de mal à personne...